FRED GOUIN EN TANT QUE MUSICIEN ET COMPOSITEUR



La voix de velours de Fred Gouin était un véritable instrument dont il semblait jouer avec grande facilité. Ayant eu une carrière de chanteur des rues assez diversifiée, notre artiste se devait aussi à ses débuts de maitriser l’accompagnement musical.

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Fred Gouin musicien.

Le premier instrument que le jeune Frédéric Gouin a pu se payer (à crédit) était une mandoline sur laquelle il a –sans aucun doute- appris ses premières notes en autodidacte. Au début des années 20, l’instrument à cordes de prédilection était le banjo. Il pratiqua cet instrument avec différents groupements artistiques : Le quatuor parisien, Ded et Fred, Alexander et son orchestre. Notre chanteur-musicien possédait aussi une guitare au moins depuis les années 10, instrument qu’il adopta définitivement à partir de ses années Odéon. Cela correspond aussi (nous sommes dans la seconde partie des années 20) à une époque où l’enregistrement devint électrique, ce progrès technique permettait de mieux capter des sons plus sensibles, plus délicats que ceux délivrés par le banjo ou par les instruments à percussion par exemple.
Progressivement la mode du banjo va décliner dans le domaine de la chanson. A partir des années 1926 - 1927, l’accompagnement musical à l’enregistrement va connaitre une véritable révolution. Au cours des 10 années où Fred Gouin fut propulsé en haut de l’affiche, il apprécia sur scène de s’accompagner à la guitare, surtout dans les salles secondaires où il ne pouvait être entouré d’un orchestre complet.

Fred Gouin compositeur.

Voilà sans doute le domaine qui nous est encore le plus méconnu, le plus mystérieux de notre chanteur. Nous savions depuis longtemps, grâce à notre collection de 78T mais à notre collection de partitions que Fred Gouin avait participé à la composition de 2 chansons répertoriées dans sa décennie discographique. Tout d’abord, il composa en compagnie de Chaura (sur des paroles de J. Romani) « C’est un chant d’amour sur les flots bleus » titre qu’il enregistra en novembre 1930 sur disque Odéon 166.378. Ensuite, sur des paroles d’un certain Bossuyt, Fred Gouin élabora la ligne mélodique entrainante de « Tu fais de moi ce que tu veux » qui fut orchestrée à l’enregistrement par Albert Valsien (166.552).



Il y a une dizaine d’année, notre historien de la chanson française Adrien Eche, avait alors déniché un petit fascicule intitulé « Le recueil du foyer », impression de mauvaise qualité, dont le seul dépôt était situé au 34 rue du Vert Bois à Paris. Ce fascicule comprenait différentes partitions dont deux sont pour nous riches d’enseignements puisque Fred Gouin nous apparait pour la première fois en tant que compositeur en compagnie d’un complice qui nous est totalement inconnu L. Clesen. Nous pensons
pouvoir situer cette publication au tout début des années 20. Les titres sont « L éternelle chanson » et « Ce n’est pas vrai » sur des
paroles de Jean Weissemberger dont on retrouve le nom à la Bibliothèque Royale de Belgique, l’équivalent de notre SACEM (Petite anecdote, Jean Weissemberger collabora aussi avec Gaston Py pour les musiques sur plusieurs créations : « Pour sauver son enfant », « Pourquoi rêver d’amour », « Le roman de Suzette », « Fille chérie » …. Ce même Gaston Py qui fera ensuite partie avec Fred Gouin des accompagnateurs banjoïstes de l’orchestre de l’accordéoniste Alexander aux alentours de 1925. Tout ce petit monde se connaissait donc bien et se côtoyait fréquemment.



Fred Gouin qui cumulait les « casquettes » se fournissait, pour sa carrière de chanteur, aux éditions musicales La Parisienne dès 1923 -1924. C’est au sein de ces éditions dirigées par G. Smet qu’il se créa un premier répertoire personnalisé avec des titres comme « Soir de Ceylan », « Zaza », « Le temps des tziganes » par exemple. C’est aussi à La Parisienne qu’il rencontra le parolier chansonnier Paul Brébant avec lequel il collabora (en compagnie de Jean Talmont pour la musique) à une chanson intitulée « Dans la banlieue de Paris » (info Adrien Eche). Ce même Paul Brébant fournira plus tard à Fred Gouin des chansons à succès telles que « Partout-Partout », « Poupée de Paris ».

Ces éléments ne peuvent bien sûr constitués une liste exhaustive, Fred Gouin a sans aucun doute participé à d’autres compositions semble t’il toujours avec des complices tels que L. Clesen, Jean Talmont et peut-être quelques autres encore. Le cumul d’activités permettait à notre artiste de vivre convenablement au tout début des années 20, années ou l’activité musicale était très abondante, voire foisonnante.



                             

 

 

PS : découvrez la voix du chansonnier Paul Brébant sur la page "Le disque du mois".