Madame Berthe Sylva.
C’est en Bretagne que Berthe Faquet voit le jour, le 7 février 1885 à Lambervillec, dans un milieu familial où l’on devient soit marin soit professeur. Elle grandit dans l’optique de devenir plus tard institutrice. La famille s’aperçoit rapidement que leur fille possède une excellente mémoire, mémoire qui lui servira plus tard pour apprendre sans difficulté ses longues chansons à texte. Les projets élaborés par ses parents sont vite déçus, puisqu’on la retrouve, en 1901, à Saumur où elle occupe l’emploi de femme de chambre. En fait, Berthe y retrouve sa sœur aînée, qui au grand désespoir familial, chante tous les soirs dans un cabaret local. Celle-ci va transmettre le virus de la chanson à sa sœur, qui lui emboitera bientôt le pas. L’intérêt que lui porte le public semble l’encourager dans cette voie. Après une ou deux années à Saumur, elle part seule à Angers où elle obtient un engagement dans un établissement. Mais cette quête d’un ailleurs semble aussi avoir pour but l’oubli d’un premier amour éphémère qui donna naissance à un garçon prénommé Henri. Ce dernier sera élevé par ses grands-parents.
Le tremplin de la ville d’Angers ayant été une réussite, Berthe se tourne vers la capitale. Grâce à une petite annonce lue dans un journal, elle se présente à Parisiana au 27 boulevard Poissonnière. Elle est engagée. L’établissement est alors dirigé de main de maitre par Monsieur Ruez. La nouvelle pensionnaire, qui prend sans doute à cette époque le surnom de Berthe Sylva, va donc se produire dans les revues maison dans de multiples petits rôles. Le directeur lui propose même de se produire dans un tour de chant de 3 ou 4 chansons. Puis Ruez l’envoie au sein d’une troupe en Amérique du sud pour une tournée de plusieurs mois. En ce début de vingtième siècle, l’influence de la culture française est très importante dans des villes comme Rio de Janeiro, Montevideo, Buenos-Aires.
De retour à Paris, on la signale au Casino de Montmartre. En 1914, elle s’engage dans la troupe « La chanson aux blessés » qui se produit sur le front et dans les hôpitaux à la rencontre de nos soldats. C’est ainsi qu’elle côtoie les 2 organisateurs de cette initiative patriotique : le compositeur aveugle René de Buxeuil et la pierreuse « Caporal Nini » Eugénie Buffet.
Après-guerre, Berthe Sylva se produit dans divers établissements parisiens dont le Casino-Montparnasse, le Commerce, Concordia, le Palais de Cristal, le XXème siècle. C’est probablement au cours de cette longue période jusqu’en 1928, période qui reste aujourd’hui très mystérieuse, qu’elle se produit à l’étranger en Russie, Roumanie, Egypte, Espagne comme elle le laisse entendre dans un entretien à son ami le parolier Max Vière : « C’est ainsi que je devins une grande voyageuse… J’ai parcouru tour à tour le Brésil, l’Argentine, la Russie, la Roumanie, l’Egypte, l’Espagne, etc… Je m’intéresse beaucoup aux mœurs de chaque pays… ». En 1927, on la signale au Kursaal. L’année suivante, elle se produit au Caveau de la république dans un spectacle remarqué où figurent les chansonniers René Dorin, Paul Colline, Noël-Noël et René Paul. Elle y chante « Pierrette et le pot au lait ».
Berthe Sylva aurait pu faire une carrière anonyme, comme des milliers d’autres, à l’ombre des vedettes. C’est la radio, qui balbutie depuis 1924, qui va la faire connaitre du grand public. Léon Raiter fait partie de ses pionniers des ondes. Il présente alors à Radio Tour Eiffel la première émission chantée intitulée « La chanson du jour ». Son rôle est d’animer les interludes du fameux Journal parlé concocté par le non moins fameux Maurice Privat. Tous les jours ces aventuriers des ondes se retrouvent dans les sous-sols du pilier nord de la Tour Eiffel. Léon Raiter y chante les mélodies à succès. C’est pour son émission radiophonique qu’il apprend l’accordéon afin de s’accompagner dans ses interprétations. C’est après avoir entendu Berthe Sylva au Caveau de la république, qu’il l’engage. Sur les ondes, la voix de la chanteuse s’avère très radiophonique, elle y chante tout le répertoire à la mode. Le succès est très rapide. En quelques mois, la chanteuse qui restait dans l’ombre depuis 18 ans, fait un bond de popularité qui ne sera plus jamais démenti. Léon Raiter lui offre des chansons comme « Grisante folie », « Le tango du chat » ainsi que « Les roses blanches » que la chanteuse Mary Ketty tentait d’imposer sans succès depuis 3 ans. Léon Raiter est admirateur : « Elle est prodigieuse. On peut lui donner le soir une chanson pour le lendemain matin : en arrivant elle la sait, elle la sent, elle en précise tout le sens musical comme le sens du texte… ».
C’est après avoir entendu Berthe Sylva au Caveau de la république, qu’il l’engage. Sur les ondes, la voix de la chanteuse s’avère très radiophonique, elle y chante tout le répertoire à la mode. Le succès est très rapide. En quelques mois, la chanteuse qui restait dans l’ombre depuis 18 ans, fait un bond de popularité qui ne sera plus jamais démenti. Léon Raiter lui offre des chansons comme « Grisante folie », « Le tango du chat » ainsi que « Les roses blanches » que la chanteuse Mary Ketty tentait d’imposer sans succès depuis 3 ans. Léon Raiter est admirateur : « Elle est prodigieuse. On peut lui donner le soir une chanson pour le lendemain matin : en arrivant elle la sait, elle la sent, elle en précise tout le sens musical comme le sens du texte… ».
Fort logiquement, le disque va relayer les ondes. Etrangement, tout d’abord, elle cumule deux contrats, l’un avec le label Idéal (où elle reprend tous les succès à la mode tant de fois interprétés à la radio), l’autre avec la firme Odéon. Cette dernière ne deviendra sa firme phonographique exclusive qu’ en mai 1930. Du 6 juin au 1er juillet 1929 ; elle participe aux galas des Vieux Succès Français diffusés sur Radio P.T.T. Elle y interprète alors « Le pendu de Saint-Germain », « Un bal chez le ministre », « Mousmée d’amour », « Les tisseurs de rêve ». Lors d’un passage à Radio-Toulouse, l’écoute est telle qu’elle reçoit 16000 lettres d’admirateurs. Les enregistrements gravés en mai 1929 chez Odéon de « C’est un petit nid » et du « Racommodeur de faïence », couplées sur disque 165629, sont un triomphe. En deux ans, 292000 exemplaires sont vendus. Dès lors les 78T vont se succéder, elle devient l’une des vedettes les plus commerciales de la firme. Le 6 janvier 1930, elle interprète dans l’émission « Les Vieux Succès Français » deux chansons incontournables de son répertoire : « Les roses blanches » et « Celosa ». Léon Raiter, infatigable travailleur radiophonique, l’invite à se faire connaitre du public belge, sur les ondes de Radio-Binche où il travaille entre deux compositions et deux enregistrements Odéon.
Au début des années trente, on retrouve Berthe Sylva dans différents établissements parisiens : Folies-Belleville, Pacra, Gaîté-Montparnasse, Bataclan, Européen, Casino Saint-Martin. Pourtant, elle préfère se produire en province. Plusieurs fois par an, elle entreprend un tour de France en compagnie d’amis comme Léon Raiter, Marcel’s, Fred Gouin, Roger Vaysse, Darcelys. Devenue la spécialiste du répertoire mélo avec des morceaux d’anthologie comme « Mon vieux Pataud », « L’enfant de la misère », « Rends-moi mon papa », « La prière des petits gueux », elle décide de surprendre son public en intercalant, dans ses tours de chant, son répertoire populaire composé de valse-musette et de javas. En 1935, elle triomphe à l’Alcazar de Marseille qui deviendra une de ses salles préférées. Le succès est tel que les admirateurs défoncent sa loge.
A Paris, on lui connait une habitation au 5 rue Palikas dans le 20ème arrondissement. Elle possède aussi une maison de campagne à Vaires en Seine-et-Marne. Du 1er au 7 mai 1936, elle se produit à la Fauvette, puis en octobre au Moulin de la Galette. Elle ne sort jamais de scène à moins de quinze interprétations. On la surnomme « Cœur d’or ». Elle n’hésite jamais à prêter son concours pour diverses œuvres de bienfaisance. Courant 1939, l’hebdomadaire « Mon programme » confirme cette bonté en ces termes : « Bonne dans la vie. Elle est toujours prête à se manifester en faveur de ceux qui souffrent, de ceux qui n’ont pas de chance… Jamais elle ne refuse son concours à une œuvre de bienfaisance ».
En 1938, la Société des Artistes de Music-hall nous informe d’un nouveau domicile dans le 14ème arrondissement parisien au 41 avenue d’Orléans. Pourtant elle se produit de plus en plus en province et surtout dans la région de Marseille où elle trouve le plus souvent pied à terre chez son fidèle ami Darcelys à Peynier. Pagnol l’engage même quelque temps pour jouer au théâtre le rôle de la tante Zoé dans sa pièce « Marius ». Sa santé devient de plus en plus précaire, ses incessants déplacements, son goût prononcé pour le vin et la cigarette, ses soirées sans fin dans les bistrots après ses tours de chant en sont évidemment la cause. Pourtant, en 1940, elle fait encore de nombreuses tournées avec son impresario et amant Hervals, parcourant la zone libre dans une voiture à gazogène. Début 1941, nouveau triomphe durant une quinzaine à l’Alcazar de Marseille, elle s’y produit à guichet fermé.
Alors qu’elle est attendue à Lyon à la Bourse du Travail pour un gala au profit des prisonniers, elle décède le 24 mai 1941, des suites d’une chute des escaliers de l’hôtel qu’elle occupe au cours Lieutaud à Marseille. Peu de personnes suivront son cortège, signalons tout de même Max Trébor (le directeur de l’Alcazar), Darcelys, Hervals, le chanteur Grégoire. Elle sera enterrée au Cimetière Saint-Pierre bien loin de sa Bretagne natale et des membres de la famille Faquet.
Note : Henri Sylva enregistra un disque sous la marque Tivoli "Henri Sylva chante les chansons de sa mère".
*
* *
Ecoutez Berthe Sylva et Fred Gouin
*
* *
Q U E L Q U E S D O C U M E N T S
(cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Ces extraits de journaux ne sont pas complets, si vous possédez ces documents entier, nous vous serions reconnaissants de nous en adresser une copie.